De Grimm ou l’histoire d’une petite entreprise familiale
Le sac d’école conçu par Marguerite Massip pour sa fille remporte un tel succès auprès des habitants de son quartier que, face à une forte demande, son fils Maurice vient lui prêter main forte en 1947. Il apporte son expertise dans le métier du cuir et permet à la petite entreprise de franchir une nouvelle étape. Pendant 13 ans, la mère et le fils développent en France la marque de sacs de luxe en cuir Dinova, qui connaît alors ses heures de gloire (ndlr: la marque n’existe plus aujourd’hui).
En 1960, Maurice ouvre son propre atelier bordelais et deux ans plus tard, la 3ème génération de la famille fait son apparition. Le fils aîné de Maurice, Jean-Claude, à peine rentré de la guerre d’Algérie, se forme à la découpe, au montage et au patronage de sacs. Il s’avère extrêmement doué et devient rapidement un pilier dans le développement de l’atelier paternel.
Au milieu des années 1970, les Établissements Massip comptent une quinzaine d’employés mais les temps sont rudes…Le second fils de Maurice, Alain, rejoint alors lui aussi l’aventure. Il offre à l’entreprise son expertise dans les secteurs administratif, financier et commercial. Il prend en charge la vente des sacs Massip dans les grandes maroquineries françaises, notamment dans les régions parisienne et bordelaise. Et ce n’est pas la seule corde à son arc, puisqu’Alain a également un sens inné des tendances et des volumes qui l’amène à dessiner des collections entières de sacs de luxe ! Jean-Claude, de son côté, leur donne vie grâce à sa maîtrise technique. Grâce à leurs compétences et leur détermination, l’entreprise familiale renoue enfin avec le succès.
En 1977, la famille Massip ouvre son premier magasin d’usine dans un ancien garage, adjacent à leur atelier. Les clients font la queue sur le trottoir avant Noël pour s’offrir leur sac à main en crocodile ! En 1991, soucieux de se développer et de prendre d’assaut le triangle d’or Bordelais, les fils de Maurice ouvrent un magasin dans la nouvelle galerie marchande des Grands hommes. C’est la création de la boutique De Grimm, telle qu’elle existe encore aujourd’hui.
2001, la nouvelle génération de la marque bordelaise
Fabienne Massip-Coutzac, la fille cadette d’Alain, rejoint la société en 2001, alors que celle-ci est mal en point. « Nous avons rencontré des difficultés dans les années 90 mon père, mon frère et moi, nous nous étions positionnés dans l’hypercentre bordelais de manière prématurée, raconte t-elle. En agissant ainsi, on s’est plantés. Nous n’arrivions pas à rentabiliser l’atelier existant, nous avons dû le mettre en sommeil quelques années ».
Petit à petit, la jeune femme décide d’apprendre les ficelles du métier, de la production à la vente, et apporte sa pierre à l’édifice avec ses compétences en gestion, maîtrise des achats et son sens inné du service. Et puis, il y a 10 ans, elle retrouve Cyril Coutzac, son amour de lycée. Lui, travaille alors sur Paris pour de grandes multinationales dans l’univers du jeu vidéo. En 2014, il décide de la rejoindre à Bordeaux. Deux ans plus tard, Olivier, le frère de Fabienne, revient également vivre en Aquitaine.
Le trio se lance alors un défi : celui de faire revivre cette histoire familiale de fabrication artisanale de sacs à main haut de gamme. « Le savoir-faire était très fort, mais il fallait le faire savoir ! », s’amuse Cyril. Ensemble, ils prennent donc le taureau par les cornes. Fort de son passé en informatique, Cyril prend les commandes de la digitalisation de l’entreprise. Fabienne, sachant mieux que personne ce que ses clients attendent, travaille sur le développement de nouveaux produits. Olivier, quant à lui, incarne le savoir-faire de l’entreprise. Avec plus de 30 ans d’expérience en tant que sellier maroquinier, il se charge de toutes les étapes de fabrication : patronage, dessin, assemblage, piquage… En bref, une fois les peaux de cuir reçues, Olivier en fait un sac ! « Des comme lui, il y en a pas dix en France », s’enthousiasme Cyril. C’est un homme qui, en plus d’être humainement exceptionnel, est un artisan hors pair. »
Cyril, Fabienne & Olivier Massip Olivier dans l’atelier de fabrication
Des sacs de luxe 100% made in Bordeaux
Le trio de choc continue de créer de nouveaux modèles tout en modernisant les anciens. Parmi leurs sacs iconiques : le sac tulipe, le sac sellier ou encore, le capucine. Tous ont un niveau de finition et une qualité de matières irréprochables, ce qui explique leur positionnement haut de gamme. Le cuir provient de France, d’Italie et d’Espagne et tout est produit dans leur atelier bordelais entre les mains de maître d’Olivier, ce qui leur vaut l’appellation « made in France ».
Le nom Massip s’est transformé en De Grimm. DG comme l’idée d’une boucle, d’un accessoire pour sac. Le clan désirait un nom à particule, chic, qui fasse rêver « Nous ciblons une clientèle de femmes bien assises, françaises et étrangères, qui ont entre 40 et 60 ans et savent ce qu’elles veulent ! », assume Fabienne. Les sacs à main constituent 95% de leur production.
Aujourd’hui, l’entreprise De Grimm compte deux boutiques et un atelier de fabrication à Bordeaux. « Notre famille est installée à Bordeaux depuis 4 générations, l’histoire a commencé là, il faut continuer de la faire vivre ici, sourie Fabienne, avant d’ajouter: « Nous fabriquons nos sacs avec le coeur, on y met toute notre vie ! » Quelle meilleure raison que celle-ci pour s’offrir ou offrir à une personne chère un sac à main d’une qualité rare, imaginé et conçu par des créateurs français passionnés au savoir-faire indéniable ? On me souffle dans l’oreille que c’est bientôt la fête des mères…
Crédits images : De Grimm Presse