Tout le monde connaît Caroll Shelby et sa Cobra légendaire, mais est-ce que vous saviez que tout avait commencé en banlieue sud-ouest de Londres chez AC une des plus anciennes marques automobile indépendantes du Royaume-Uni fondé en 1901 par les frères Weller. Leur première production sera un tricycle de livraison en 1904 nommé auto-Carrier: Deux roues à l’avant et le conducteur assis sur la roue arrière. Le succès est tel que l’entreprise prospère très rapidement et propose ainsi en 1907 une version offrant deux places. En 1911, la société se nommera donc auto-Carriers puis AC Cars en 1922, mais revenons au cœur du sujet.
L’AC Ace, le premier roadster anglais, future Cobra
Après la Seconde Guerre mondiale, AC se doit de remplacer ses modèles vieillissants, il engage ainsi un jeune designer John Tojeiro pour créer une automobile sportive aux lignes sensuelles avec un châssis tubulaire, suspension à roues indépendantes et carrosserie en aluminium. Dès la sortie de l’auto, elle est rapidement comparée à la Ferrari Barchetta ou encore la Siata 208 Spider, mais cela ne l’empêche de séduire la clientèle aisée britannique. Dotée de son moteur 2.0L AC, même moteur depuis 1919 connaissant quelques évolutions, l’AC Ace n’est pas un foudre de guerre avec 90 chevaux mais l’automobile est légère (environ 800 kilos) et c’est en 1954 que l’on connaitra le premier essai routier chronométré avec un 0 à 100 km/h en 11.4 secondes et une vitesse de pointe de presque 170 km/ h.
À noter qu’une version « coupé » fit son apparition au London Motor Show de 1954, AC présente l’Aceca sur la même plateforme que le roadster mais dessinée par Alan Turner. Il s’agit d’un Grand Tourisme aux lignes somptueuses. Certains pilotes préféreront même courir dans l’Aceca grâce au cockpit fermé. Seulement 300 exemplaires verront le jour, elle a même un air d’Aston Martin à l’arrière. D’ailleurs, le système de coffre arrière (nommé « hatchback ») sur l’Aceca est la deuxième auto’ à en être équipée, juste derrière l’Aston Martin. Cela permettait aux « Gentlemen Drivers » de glisser un sac de golf et leurs affaires de voyage : un vrai Luxe à l’époque !
En 1956, un accord est passé avec la firme Bristol qui délivrera des moteurs 6 cylindres d’origine BMW (prise de guerre aux Allemands). Sur cette première série de moteur type 100B la puissance est de 105 chevaux, AC récupère également les boîtes de vitesse de type 100 bien supérieures encore aux boîtes AC traditionnelles. Les clients ont ainsi le choix d’acheter l’AC Ace avec moteur AC ou moyennant un surcoût le moteur Bristol.
Peu de temps après, la version 100D2 fait son apparition et ce sont quasiment 130 chevaux qui propulsent la petite Anglaise. Puis en 1961, la firme anglaise signe un accord avec Ford pour installer le moteur Zephyr de 2.6 L alimenté par 3 carburateurs Weber. Cette nouvelle configuration permet d’atteindre aisément les 170 chevaux et de dépasser allégrement les 200 km/h. La puissance est souvent une donnée importante, mais les qualités de base et les possibilités d’évolution sur un même modèle comptent aussi beaucoup dans le succès d’une automobile de course.
Ainsi, plusieurs personnes avaient remarqué le potentiel de cette fantastique barquette. Le premier fut Ken Rudd dès le début, en 1953 ! Il préparait « aux petits oignons » son auto’ et glanait de nombreuses victoires. Il apportait ainsi une certaine notoriété à la marque, mais les AC restaient chères, comparées aux Austin-Healey et aux Triumph, aux performances similaires.
L’ultime modification : naissance de la Shelby Cobra
Une autre personne importante voit en l’Ace un potentiel gigantesque durant les différentes épreuves du Mans et c’est bien Caroll Shelby « himself » qui imagine déjà sa future voiture de course. Les qualités intrinsèques du châssis tubulaire et l’agilité de l’auto lui font penser que cette voiture-là sera imbattable… et la suite? Tout amateur de sport automobile la connaît.
Il place un gros V8 de 4.2L pour développer 260 chevaux pour un poids de 900 kilos. L’AC ACE n’est plus, mais donnera naissance à la terrifiante AC Cobra (le cobra étant le surnom de l’homme d’affaire Caroll Shelby, le logo proviendrait d’ailleurs de l’entrée de son ranch dans le Texas. Sans AC Cars, point de Cobra alors un grand merci à cette petite firme confidentielle basée loin des Terres de M. Shelby.
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